À l’aube de la visite de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, les éleveurs de bovins du Sud-Ouest intensifient leurs actions de protestation. Ce dimanche, des routes ont été bloquées et du lisier déversé, témoignant de la colère face à la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Plus de 1.000 agriculteurs étaient mobilisés, selon le ministère de l'Intérieur, avec des actions recensées dans plusieurs régions. Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale, a exprimé une forte opposition à l’abattage massif des animaux touchés, plaidant pour une campagne de vaccination à grande échelle visant le cheptel français de 16 millions de bovins.
En Ariège, la situation est particulièrement tendue. Près de 150 éleveurs ont occupé un rond-point et bloqué l'accès à la route vers l'Andorre, témoignant de leur frustration face aux décisions gouvernementales. En Haute-Garonne, d’autres agriculteurs se sont rassemblés devant une ferme suspectée d’accueillir un bovin infecté, attendant anxieusement les résultats des tests.
Des scènes de désespoir se sont également déroulées à Millau, où une cinquantaine de manifestants ont recouvert la sous-préfecture de lisier et de pneus, tandis que sur l’A64, des agriculteurs ont établi un long blocus avec leurs tracteurs. Cédric Baron, éleveur à Montoussin, a affirmé vouloir passer les fêtes locales ici pour faire entendre leur voix.
Les éleveurs estiment que l’approche actuelle du gouvernement, qui privilégie l’abattage des animaux malades et non pas la vaccination préventive, est trop radicale. Christophe Guénon, un éleveur de Bordeaux, a déclaré : "Abattre des troupeaux entiers ne fait qu’aggraver la situation. Nous voulons protéger notre patrimoine génétique et la durabilité de nos exploitations".
La ministre Genevard défend son protocole, affirmant qu’il a ciblé avec succès l’épidémie depuis son arrivée en France l’été dernier. Elle a d’ailleurs déclaré qu’"il n’y a aucun foyer actif de DNC en France". Cependant, les agriculteurs, comme Venteau, avertissent que la vaccination doit commencer de toute urgence avant qu’il ne soit trop tard.
Lundi, une réunion de crise se tiendra à la préfecture de Haute-Garonne pour discuter de la situation sanitaire et des plans de vaccination. Le gouvernement reste prudent quant à une généralisation de la vaccination, mentionnant que cela pourrait rendre la France "zone à risque", avec des répercussions économiques significatives pour le secteur agricole.
En parallèle, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a appelé le Premier ministre à favoriser un dialogue proactif avec les agriculteurs. D’autres préoccupations, comme la réduction du budget de la Politique agricole commune et les accords de libre-échange, exacerbent également le mécontentement général. Les agriculteurs attendent des réponses concrètes, sans quoi la situation pourrait s’aggraver dans les semaines à venir.







