Jordan Bardella, à 30 ans, suscite autant d'enthousiasme que d'inquiétudes sur son inexpérience du pouvoir. Son statut de favori des sondages attire des critiques acerbes, notamment sur sa jeunesse jugée comme un handicap dans la course à l'Élysée. Depuis son élection à la tête du Rassemblement National, Bardella arpente la France, de week-ends de dédicaces à des sessions à la télévision.
Sur le plateau de France 2, il a été pris en défaut, répétant des phrases sur des figures emblématiques comme Nicolas Sarkozy et Donald Trump, une situation moquée par des analystes tels que l'ex-ministre Roselyne Bachelot, qui n'a pas hésité à le traiter de "cirage de pompes". Ce moment embarrassant n'est qu'un des nombreux signes qui révèlent une fragilité dans sa communication, déjà perceptible lors d'une récente intervention sur BFMTV, où il a peiné à exposer ses idées économiques et ses positions sur des sujets sensibles comme la guerre en Ukraine.
Les craintes face à sa préparation pour le poste de président de la République sont montées d'un cran, avec des voix critiques comme celle de Xavier Bertrand, qui l'a qualifié d'"amateur". "On ne s'improvise pas président sans expérience dans la gestion des affaires publiques", a-t-il clamé. De même, Bruno Retailleau a souligné qu'un jeune homme de 30 ans devrait davantage se prouver avant de prétendre à la présidence.
Toutefois, la robustesse de Bardella dans l'arène politique ne doit pas être sous-estimée. Selon des membres de son entourage, son parcours au sein du Rassemblement National, où il a remporté deux campagnes européennes importantes, prouve sa capacité à "tenir la pression". "Il sait parler aux gens, et il est conscient des enjeux", souligne un député appréciant son potentiel tout en insistant sur le besoin d'affirmer davantage ses positions face à ses détracteurs.
Le porte-parole du Rassemblement National, Aleksandar Nikolic, soutient également que l'expérience acquise au sein du parti le prépare à relever le défi de la présidence. "Il n'a pas encore fait d'erreur", affirme-t-il, tout en admettant que son âge pourrait poser problème. Pour l'instant, Bardella emplit son rôle de président de parti, mais les observateurs se demandent si, lorsqu'il sera candidat, il saura s'affirmer et se rendre plus incisif.
En réponse aux accusations de mépris social de la part des élites, Bardella dénonce le jugement porté sur lui. "Je préfère travailler dur maintenant que d'avoir des regrets plus tard", a-t-il déclaré. Écrasé par le poids des responsabilités, il se sent forcé d'agir à un âge où beaucoup n'ont pas même commencé leur carrière politique. Ce constat a fait écho auprès de plusieurs spécialistes qui estiment qu'il y a un véritable combat culturel à mener pour toucher la population.
La scène politique française est pleine d'incertitudes, mais une chose est sûre : Jordan Bardella, jeune président du Rassemblement National, devra prouver qu'il est à la hauteur des attentes. Dans un pays où chaque geste est scruté, l'issue de cette aventure pourrait bien façonner le paysage politique des années à venir.







