Le Chili s'éveille sur une nouvelle réalité politique avec l'élection de José Antonio Kast, un ultraconservateur, à la présidence. Le pays, qui a longtemps été le berceau d'un modèle de démocratie fragile, semble avoir fait un virage discernable vers l'extrême droite, semblable à ce qui a été observé dans plusieurs autres nations d'Amérique du Sud.
Âgé de 59 ans, Kast a remporté les élections avec environ 58 % des voix, face à la candidate de la gauche, Jeannette Jara, qui a obtenu 42 %. Sa victoire a été célébrée par des milliers de partisans à travers le Chili, entonnant même des chants exaltant l'ancien dictateur Augusto Pinochet.
Kast, qui se décrit comme fervent défenseur de l'ordre public, avait basé sa campagne sur la promesse de lutter contre la criminalité et d'expulser de nombreux migrants en situation irrégulière. Ce climat de peur, exacerbée par la hausse de la criminalité et la montée du narcotrafic dans la région, semble conforter le soutien à des figures de droite radicale.
Selon l'expert en sociologie, Antoine Maillet, cette dynamique n'est pas uniqe au Chili. D'autres pays d'Amérique du Sud, comme le Brésil avec Jair Bolsonaro, rencontrent des problèmes similaires. Le narcotrafic est un fléau qui affecte plusieurs pays, générant un sentiment d'insécurité. Maillet souligne : "Des réseaux criminels s’imposent au Chili, au Pérou et en Bolivie notamment, alimentant les préoccupations des électeurs".
L'émergence de leaders populistes de droite, tels que Javier Milei en Argentine, témoigne d'un changement de paradigme en cours. Milei, allié de Donald Trump, a exprimé sa satisfaction suite à la victoire de Kast, affirmant la nécessité de libérer la région du socialisme et d'adopter des idéologies de liberté. Cet "effet Trump" influence considérablement la rhétorique politique en Amérique latine, où une communication brutale et nationale prédomine selon l'historien Frédéric Louault.
Dans ce paysage en mutation, les élections au Honduras, où la confusion règne, et au Pérou, qui navigue à travers les turbulences politiques, renforcent l'idée d'une montée de l'extrême droite. La situation de Nayib Bukele au Salvador, qui illustre un pouvoir autoritaire basé sur la lutte contre les gangs, ne fait qu'accentuer cette inquiétante tendance qui se dessine.
À mesure que ces mouvements se répandent, les observateurs s'interrogent sur le modèle économique et politique qui émergera en Amérique du Sud. La désillusion face aux gouvernements de gauche, et les promesses incertaines des pouvoirs autoritaires, laissent entrevoir une époque chargée de défis pour la région. C'est un moment charnière, qui pourrait redéfinir les rapports de force en Amérique latine, avec une extrême droite de plus en plus influente.







