Alors qu'il purge déjà une peine de six ans pour une affaire liée au scandale de corruption 1MDB, Najib Razak, l'ancien Premier ministre malaisien, s'apprête à découvrir son sort ce vendredi. Ce jugement crucial pourrait le maintenir derrière les barreaux pour de nombreuses années supplémentaires.
Âgé de 72 ans, Najib est accusé de quatre chefs d'abus de pouvoir concernant des pots-de-vin estimés à environ 554 millions de dollars. Ces fonds proviennent du désormais dissous 1Malaysia Development Berhad (1MDB), un fonds souverain créé pour stimuler le développement économique en Malaisie. Les allégations font état d'un détournement de plusieurs centaines de millions de dollars, utilisés à des fins personnelles, incluant l'achat d'un luxueux yacht et d'œuvres d'art de maîtres tels que Monet et Van Gogh. Des enquêtes internationales ont été lancées aux États-Unis, en Suisse et à Singapour, soulevant ainsi des questions sur la portée de ce scandale au niveau mondial.
Le juge Collin Lawrence Sequerah prononcera son verdict à 09H00 (01H00 GMT) devant la Haute Cour de Kuala Lumpur, à Putrajaya. Si chaque accusation d'abus de pouvoir peut entraîner jusqu'à 20 ans de prison, une condamnation confirmerait la chute de Najib, autrefois figure politique influente dans le pays. Selon les experts, une telle issue pourrait également sapper encore plus l'influence de son parti, l'Organisation nationale unifiée des Malais (Umno), qui a dominé la scène politique depuis près de soixante ans.
Malgré ses excuses publiques pour le scandale 1MDB, Najib continue de clamer son ignorance quant aux activités illégales qui se déroulaient sous son mandat. Il a été soutenu par ses avocats, qui affirment que l'argent en question provenait de dons du Moyen-Orient. Cependant, l'accusation a présenté des preuves solides, y compris des relevés bancaires et des témoignages de plus de 50 personnes, contrebalançant les arguments de la défense qui se sont centrés sur le fugitif Low Taek Jho, considéré comme le commanditaire du détournement.
Pour le procureur adjoint Ahmad Akram Gharib, Najib était le principal décisionnaire dans cette affaire, déclarant qu'il exerçait un "contrôle absolu" sur les finances du pays. Les doutes sur l'intégrité de Najib et des membres de son entourage n'ont cessé d'affluer depuis la révélation de cette affaire. Comme l’a souligné un analyste politique du quotidien malaisien The Star, "ces accusations et cette situation judiciaire brossent un tableau d'un gouvernement où la corruption est enracinée à tous les niveaux".
Le verdict à venir promet d'avoir des répercussions significatives surtout après la défaite de Najib et de l'Umno lors des élections de 2018, marquant un tournant dans l'histoire politique du pays. Les Malaisiens resteront attentifs à cette affaire qui incarne un combat plus large contre la corruption dans le pays.







